Témoignages

Julie

Je ne sais pas trop je crois que je ne me pose pas la question comme ça.

En tout cas la construction de ma féminité n’a pas et n’est pas un long fleuve tranquille. Jusqu’à mes 10 ans, je ne crois pas m’être posé la question. Je jouais à la poupée, je portais des robes mais je ne me fiais guère aux conventions. C’est un interdit qui m’a fait comprendre que j’étais une petite fille. Je devais avoir 10 ans. Nous faisions du sport à l’école c’est à dire que nous courrions autour d’un stade.

Tous les garçons courraient torse nu alors sans me poser la question, je les ai imité. Ma mère est passée au même moment aux abords de ce stade mais je ne l’ai pas vue. Le soir en rentrant à la maison, elle m’a vivement grondée.

Être une fille signifiait ne pas faire comme les garçons, ne pas avoir cette liberté. J’ai donc appris à mon détriment et j’ai ensuite toujours été mal à l’aise de devoir me contrôler et de ne pas simplement pouvoir être qui je suis.

Pendant l’adolescence, j’étais mal à l’aise dans mon corps comme bon nombre d’entre nous. J’étais complexée comme je n’étais pas réglée et que mes seins ne poussaient pas assez vite. Ma petite sœur était si élégante, si apprêtée, si coquette… si féminine.

J’étais envahie par le complexe d’être une femme et de ne pas comprendre ce que c’était vraiment. Les femmes qui m’entouraient dans ma famille, je ne voulais pas leur ressembler: mères aux foyers, soumises aux hommes, au service de leurs enfants.

Autour de mes 20 ans j’ai compris que j’étais lesbienne. Je suis devenue très masculine dans mon apparence. J’ai coupé mes cheveux très courts. J’avais besoin qu’on me reconnaisse, de me reconnaître moi-même.Cette phase est très vite passée et j’ai vraiment commencé à construire ma féminité, celle que je voulais et qui m’appartenait, à partir de ce moment là.

En fait, être une femme c’est juste être soi. Plus j’apprends à me découvrir, plus j’ai envie d’être femme parce que je deviens moi-même au fil des ans. Je suis une femme libre, responsable, amoureuse, consciente du monde qui m’entoure.

Je suis fière d’être une femme et d’avoir pu développer une grande intelligence émotionnelle qui me relie à moi, aux autres et à mon environnement.

Je me sens chanceuse d’être une femme de nos jours à l’Île de La Réunion.

Et je suis heureuse d’avoir la liberté d’être la femme que je veux être.

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