Témoignages

Edith

Naitre femme  ou Etre une femme.

Enfant,  je me souviens très bien avoir réfléchi longuement sur les avantages d’être une fille comparés aux inconvénients d’être un garçon. En bilan je suis partie du principe que j’avais de la chance d’être une fille. J’ai failli écrire de «  n’être qu’une fille ! ».

  je me suis  quand même demandé si je n’étais pas un garçon manqué.

Donc partant du principe que j’avais de la chance d’être une fille, je m’assignai de vivre « les mille et une facettes » de cette vie de femme.

 –  il faut qu’à ta mort, tu ressentes  que tu as consommé tout ce qu’une vie de femme peut apporter, pour n’avoir plus qu’à revenir sur cette terre  tester une vie d’homme.’

Il faut dire que ma mère portait la culotte à la maison. Les hommes : mon père, mon frère, étaient bien plus fragiles que nous, souvent malades, plus délicats, moins résistants. C’est ce que disait ma mère! J’ai été éduquée avec cette idée et j’en ai gardé longtemps la conviction.

Alors que nous les femmes avec nos cycles, nos règles, notre pouvoir d’enfanter, nous sommes mieux équipées pour l’ancrage à cette planète Terre–mer. Moins sujettes à nous perdre dans les méandres de l’infini cosmos.  

Dans ma famille c’était vraiment le cas, mon frère plus âgé que moi a souvent eu des problèmes de santé soit physique, soit mentale, mon père a été longtemps dépressif.

Pendant que ma mère, elle s’affairait,  s’activait :

  • remonter le moral de mon père
  •  s’occuper de la santé de mon frère
  • nous nourrir
  • nous habiller
  • jardiner, cuisiner, coudre, nourrir les animaux, s’occuper de la comptabilité de l’entreprise
  • payer les factures …

Mon père s’inquiétait de la mort : mourir à 33 ans comme le Christ,  puis à 37 ans comme Van Gogh. Triste et déprimé, il ne pouvait pas vivre la vie dont il avait rêvé. Lui aurait aimé devenir un artiste peintre reconnu. Mais comment réaliser ce rêve dans un village minier de Lorraine ? C’était mission impossible.  Pour lui, un homme se devait d’être le soutien de famille. Je pense que cela a été la frustration de sa vie.

Si bien que, j’ai beaucoup entendu ma mère prodiguer des conseils pour ‘’le moral’’

  • mettre de la musique tonique à fond dès le matin.
  • mettre les mains dans la farine,  pour faire des gâteaux ou des pâtes.
  • bouger,  se remuer, ne pas se laisser aller.

 J’avais fait la liste de ce à quoi j’échappais en étant une fille :

– je n’aurai pas besoin de me raser tous les matins,

– je n’aurai pas  à faire mon service militaire

– je ne serai pas obligée de partir à la guerre en Algérie …

Une de mes plus grandes terreurs a toujours été et est toujours   la guerre.

Les hommes partaient à la guerre, pendant que les femmes restaient inquiètes attendant leur retour.

Les choses ont changé.

Quelle tristesse de voir ces femmes faire la guerre !

Quelle fierté de voir ces femmes défendre leur village !

Mes amies nées dans les années quarante, n’ont pas trouvé sur leur chemin les libertés auxquelles j’ai eu accès.  Je pense être née au bon moment : en pleine libération de la femme.

Je me souviens du choc que j’ai reçu en voyant pour la première fois une jeune femme fumer dans la rue.  C’était  en 1967, avant, cela ne se faisait pas ! (Bon maintenant on n’aura bientôt plus le droit de fumer nulle part, ça c’est une autre histoire )

J’avais 21 ans quand le droit à l’avortement est passé,  finis les avortements clandestins dans les pays frontaliers, contre de grosses sommes d’argent, sans vous parler des inquiétudes.

Finies les angoisses du lendemain d’une soirée d’ébats amoureux, avec la pilule !

 Finie la honte d’être  la Sainte Catherine ! à 25 ans une fille devait être mariée !

Nous avons gagné l’union Libre ! La mixité en classe !

  Merci les féministes, un immense merci pour toutes ces libertés.

J’ai toujours pensé qu’en étant une femme  j’avais la chance de pouvoir choisir entre  être une femme à la maison entretenue par son  mari, ou aller travailler. Dans mon conditionnement sexiste, les hommes n’ont pas ce choix.  C’est ainsi que je n’ai jamais considéré le travail comme une obligation. Je n’ai jamais eu envie de me faire entretenir, je suis  trop indépendante et  fière dene rien devoir à personne.

C’est vrai que j’ai également  l’avantage d’avoir des petits seins avec un physique plutôt androgyne, si bien que je me suis rarement retrouvée contrariée par le regard d’un homme devenu incapable de poursuivre une conversation, parce que trop troublé par des attributs trop féminins.

Par contre moi, je perds tous mes moyens à la vue d’une belle poitrine !

Mais au fait ! j’aurais pas une tendance un peu homo ?

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